Image de profil : “Les joueurs de cartes musicales”
Les joueurs de cartes musicales
TM
Traduction des mots de TM (écrits à l’origine en anglais)
Photo de nous — sensibilité, calme et hommage
Il s’agit d’un hommage à une œuvre bien connue, que certain·e·s reconnaîtront peut-être immédiatement s’ils ou elles sont familier·ère·s avec l’histoire de l’art. Saurez-vous deviner le nom du peintre auquel nous rendons hommage ?
L’image est inspirée de Les joueurs de cartes de Paul Cézanne. J’ai réalisé ma propre version, intitulée Les joueurs de cartes musicales.
En utilisant des photographies de nous-mêmes comme base, j’ai reconstruit les figures du tableau original.
Au lieu de jouer aux cartes, les personnages tiennent des partitions — plus précisément, des versions imprimées en petit format de la partition de Cube 1 : Déclencheur, que j’ai ensuite modifiées et rendues plus abstraites au cours du processus de création. Cette œuvre a été conçue autour de l’idée : à quoi pourrait ressembler une musique composée dans l’esprit de Cézanne ? — une exploration conceptuelle du cubisme musical.
Sans chercher à obtenir une ressemblance exacte, j’ai utilisé une technologie d’IA pour créer des variations simulées à partir des photographies originales. Il s’agissait de portraits frontaux de TI et moi-même (TM), que j’ai ensuite transformés en profils latéraux pour la composition : TI à gauche, TM à droite.
En développant l’image, j’ai aussi repensé aux œuvres de Johannes Vermeer, notamment à sa manière d’utiliser souvent le regard baissé pour instaurer une atmosphère silencieuse et introspective. Les vêtements représentés correspondent plus ou moins à ce que nous possédons réellement, et diffèrent de ceux présents dans le tableau original.
Entre réalité et irréalité, à la dérive…
À bien des égards, la scène représentée dans cette image reflète aussi notre processus créatif réel en musique. Si l’on remplaçait les cartes-partitions par des ordinateurs, cela correspondrait à ces dialogues silencieux que nous avons à distance — observer, réfléchir, échanger des idées et des « cartes » (c’est-à-dire des fichiers de données), tout en murmurant chacun de notre côté. Il n’y a aucun instrument visible, et de l’extérieur, on ne dirait même pas que de la musique est en train d’être créée.
Et pourtant, contrairement à une peinture physique, cette image ne possède aucune matérialité tangible : pas de coups de pinceau, pas de texture de peinture. Autrement dit, elle ressemble à une photo d’un tableau, sans en être un. C’est une image purement numérique. Notre musique, elle aussi, n’a jamais été destinée à prendre une forme matérielle. Cette parenté discrète entre une œuvre visuelle numérique et une musique immatérielle m’attire profondément.
J’ai travaillé avec une IA* lors de quatre sessions distinctes, parfois pendant plus de quinze heures sans produire une seule image exploitable. En tout, il a fallu environ une centaine de tentatives pour aboutir à la composition finale.
*J’avais souvent l’impression d’être accompagné par quatre ingénieurs artistiques distincts — Emmy, l’autre Emmy, Cléo et Palette — chacun apportant son propre esprit au processus de création.
Il existe certaines similitudes entre Cézanne et FMT. Cézanne a continué à poursuivre sa propre vision, même sans reconnaissance large, préférant suivre sa perception du réel plutôt que de se conformer aux normes établies.
Ses textures cohérentes, ses perspectives instables et son rejet des règles classiques de composition peuvent être rapprochés de notre manière d’aborder la musique, où nous évitons en grande partie les codes standardisés. De la même façon que ses œuvres étaient peu comprises de son vivant, notre musique ne s’inscrit peut-être pas facilement dans les cadres dominants actuels.
Après avoir vu l’image terminée, TI a pris en riant un selfie en imitant la posture de la « peinture », en disant que cela lui donnait l’impression de se rapprocher de l’image, plutôt que de la rendre réaliste.
L’identité demeure.
TI a également remarqué une ressemblance structurelle avec la pochette de l’album Solid State Survivor du groupe Yellow Magic Orchestra. Mon hommage ne s’adresse donc pas uniquement à Cézanne, mais aussi — discrètement — à cet album. Ce groupe, actif pendant seulement cinq ans, a été un pionnier de la musique électronique et représente une part fondatrice de notre identité musicale. Une cassette de cet album, et sa pochette, sont des souvenirs inoubliables pour nous deux. (Cela se reflète dans notre projet intitulé Boyhood Skies.)
Par ailleurs, la pochette légendaire a été conçue par Heiquicci Harata, que TI connaissait personnellement. Par coïncidence, il a grandi tout près de l’endroit où j’ai moi-même grandi.
Même si « peindre » cette œuvre a été un vrai défi pour moi, je considère que l’indépendance incarnée par Cézanne est, au fond, au cœur de notre identité créative. FMT recherche une forme d’expression qui ne demande ni compréhension, ni adhésion, mais qui invite à une réflexion silencieuse.
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