Notes sur Migraine Remedy 2

Gravure sonore et mixage 3D

TI explique :

Ce morceau a suivi un processus de production complexe.

Tout d'abord, TM a exporté une version créée dans MuseScore sous forme de fichier WAV, puis l'a reconstruite avec les instruments de Studio One. Bien que cette version soit agréable à écouter, elle restait brute et manquait de profondeur. Pour l'améliorer, une version plus élaborée a été créée en affinant le timbre MuseScore avec des sons plus clairs et dynamiques. La section des cordes a également été restructurée en un quatuor comprenant violoncelle et alto. Cependant, cette version, malgré ses qualités, perdait la simplicité de l'originale.

Pour combiner les meilleurs aspects des deux versions, j'ai tenté d'extraire et de fusionner les éléments sonores les plus convaincants de chacune. Toutefois, le résultat manquait de cohérence.

J'ai donc adopté une autre approche : au lieu de sélectionner des parties spécifiques, j'ai fait jouer simultanément les deux versions. Comme les arrangements étaient identiques, elles pouvaient être superposées sans désynchronisation. Cela a produit un son intrigant qui mettait en valeur les qualités de chaque version.

Lorsque j'ai demandé à TM d'écouter les trois versions sans explication et de choisir la meilleure, la "version en lecture simultanée" s'est imposée. J'ai décidé d'en faire la version officielle, mais après plusieurs écoutes, j'ai remarqué des échos indésirables et une instabilité causée par des déphasages.

C'est à ce moment-là que j'ai découvert une explication sur la technique de la gravure à l'eau-forte lors d'une exposition d'estampes, ce qui m'a inspiré à appliquer un concept similaire à la production sonore. En gravure, une plaque de métal est recouverte d'un vernis protecteur, puis griffée avec une aiguille pour exposer le métal. La plaque est ensuite plongée dans un bain corrosif, créant des sillons qui retiendront l'encre pour l'impression.

En transposant cette idée au son, j'ai appliqué une légère distorsion à la version originale pour générer des harmoniques tout en faisant jouer simultanément les deux versions. Un égaliseur dynamique a ensuite été programmé pour réagir à ces harmoniques et atténuer les fréquences où des interférences apparaissaient. Cela a permis aux deux versions de coexister tout en affinant leur résonance.

Cependant, l'application de ce traitement aux sons percussifs, comme les instruments rythmiques ou les guitares, les rendait trop secs et agressifs. Pour éviter cela, la technique a été réservée aux éléments réverbérants et soutenus, tels que les cordes, les nappes de synthé et les effets de réverbération. Il a fallu exporter et traiter chaque piste individuellement, en sélectionnant et supprimant méticuleusement les éléments selon leur impact—un processus particulièrement chronophage.

Ce son unique ne pouvait pas être obtenu en superposant simplement deux pistes. En générant des harmoniques et en contrôlant les interférences, les fréquences conflictuelles ont été naturellement creusées, donnant naissance à une texture sonore distinctive.

De plus, après plusieurs écoutes, j'ai remarqué un léger flou dans l'image sonore. Pour y remédier, j'ai finalement remixé le morceau en Dolby Atmos, créant à la fois un mixage plan à 360° et un mixage sphérique à 180°. Dans cette version, chaque élément des deux versions a été exporté séparément et positionné dans un espace tridimensionnel.

Toutefois, cette tridimensionnalité peut ne pas être pleinement perçue avec des enceintes ou des écouteurs standards. Cependant, grâce à l'élargissement de l'image sonore, les différentes couches du morceau devraient être perçues plus distinctement.

Composition : Déconstruction et reconstruction selon mon état d'esprit

TM reprend :

La première section se caractérise par l'utilisation fréquente de quartes justes et de neuvièmes majeures, tout en évitant délibérément les tierces majeures et mineures. Un morceau complètement différent m'a inspiré cette approche : Assembly d'Akiko Yano, que j'adore. Je l'ai déconstruit, ajouté des harmonies qui correspondaient le mieux à mon humeur, puis déconstruit à nouveau pour aboutir à cette pièce.

Ensuite, le morceau prend une progression disjointe. Je voulais spécifiquement qu'il soit non linéaire. La signature rythmique change fréquemment et, en plus, un motif de trois mesures se développe parallèlement aux évolutions rythmiques. Je n'avais jamais entendu de musique construite ainsi.

Mais ce n'était pas tant une expérience qu'une tentative de correspondre à mon ressenti du moment. Le rythme a été ajouté plus tard, superposant un motif en 4/4 à l'ensemble. L'idée d'un rythme indépendant des phrases musicales me plaisait.

La composition ne s'est pas développée de manière linéaire, mais plutôt en fonction de mon état d'esprit au moment de sa création.

J'ai créé ce motif dans MuseScore, consistant en une séquence de sept notes, et j'ai essayé de le jouer à l'alto. À ma grande surprise, cela produisait un effet rappelant le portamento. J'ai trouvé cela fascinant.

Cela m'a rappelé, d'une certaine manière, la bande originale du film Arrival. C'est une œuvre musicale remarquable qui m'a influencé pendant la création de ce morceau. Toutefois, j'ai consciemment cherché à éviter le sentiment d'anxiété omniprésent dans ce film.

J'espère que cela pourra aussi vous apporter un certain bien-être.