Dans l’atelier de TM – Épisode 3 : Quand le concept s’enflamme



TM, He Is Burning, 2025, composition visuelle numérique


(Tous les liens ci-dessous renvoient vers des pages en anglais.)


Notre album Le Cube Dans Mon Rêve repose sur un concept :

créer une musique que l’on pourrait appeler cubisme musical.

C’est, à mon avis, un exemple de ce que la numérisation rend possible.


Ce n’est pas la manière habituelle d’utiliser le numérique.

C’est plutôt une proposition :

montrer qu’on peut l’employer autrement.


En général, la numérisation de la musique semble signifier

l’automatisation et la réduction des coûts humains,

ainsi que quelques traitements simples du son.

Mais je veux dire : n’y a-t-il pas d’autres voies,

plus artistiques, pour le numérique ?

L’un de ces exemples est précisément celui d’un concept qui, autrefois, aurait été impossible.



Certaines personnes commencent peut-être à nous prendre pour des cubistes musicaux (rire),

alors je préfère préciser : ce n’est qu’un des projets que nous avons réalisés.

Nous ne le referons probablement jamais.


Dans le passé, nous avons aussi imaginé d’autres musiques virtuelles :

par exemple, une musique fondée sur les illusions auditives

(Auditory Art For Visual Arts),

ou encore un groupe de jazz d’hôtel contemporain

(Newfangled Hotel Ambience).

Nous avons également conçu une musique folklorique virtuelle

dans un espace numérique

(The Anomalous Folk).


Et, à l’intérieur même de ces projets,

chaque morceau possède son propre concept.


Dans la série sur les illusions auditives, par exemple,

il y a un morceau entièrement construit sur la symétrie géométrique —

celui que j’ai mentionné la dernière fois, In The Mirror.

Un autre, Parallel, répartit deux rythmes croisés

à gauche et à droite du champ stéréo.


Ce sont des musiques qui, jusqu’à présent,

n’auraient pas pu exister.

C’est pour cela qu’elles ont un sens.


Un homme ? Une machine ?


Pour dire les choses plus simplement :

dans la musique numérique, on peut faire en sorte

qu’un instrument semble joué par un humain

ou au contraire, par une machine.


J’aime alterner entre ces deux styles —

et parfois même chercher un point intermédiaire,

où l’on ne sait plus vraiment si c’est l’un ou l’autre.

C’est quelque chose qui ne serait pas possible sans le numérique.


Dans certaines critiques, on a dit de notre musique :

« Même si elle est entièrement créée dans l’espace numérique, elle n’est pas froide. »

C’est vrai — on peut la rendre chaleureuse, ou au contraire, glaciale.


En somme, le numérique permet de donner forme

à des concepts virtuels qui, autrefois,

n’auraient pu exister que dans l’imaginaire.


Sur BBC Radio 3, Sara Mohr-Pietsch a décrit notre musique comme

« zany and imaginative ».

J’ai été profondément touché par la justesse et l’élégance de ces mots.

C’était exactement cela.

Quelle clairvoyance !


Je crois que tout cela est étroitement lié

au fait que j’ai passé mon enfance à imaginer sans cesse,

à vivre dans un monde intérieur très riche.



Petite digression : À propos de l’œuvre

Le paradoxe du symbolisme

L’œuvre visuelle présentée en haut de cette page est, comme vous l’imaginez, une composition d’images de feu superposées.

J’ai traité le feu d’une manière symboliste : il représente le concept même de la musique.

…Et j’aurais pu m’arrêter là. Si cela n’avait été que cela, je n’aurais pas pris la peine d’en écrire une explication.

Mais en la regardant, deux idées me sont venues. La première concerne ce que j’appelle le paradoxe du symbolisme.


J’ai choisi le feu pour symboliser un concept.

Cependant, dans cette œuvre visuelle concrète, le feu — symbole du concept — finit à son tour par devenir un symbole de la musique elle-même.

…Alors, où est passé le concept d’origine ?

D’une manière plus générale, lorsqu’une idée abstraite est représentée de façon symboliste, il peut arriver que cette représentation acquière une nouvelle signification, au point de faire disparaître le concept premier.

C’est une sorte de paradoxe, presque philosophique — et fascinant.

(Ne me prenez pas pour un fou, hein ! rire)


Et la deuxième idée, c’était un saut — un passage de la philosophie à la psychologie.

En regardant cette flamme encore et encore pendant le processus de création, il m’est soudain apparu qu’elle ressemblait à un chat vu de dos.

Et une fois que je l’ai vu ainsi, impossible de le voir autrement.

Aujourd’hui encore, pour moi, ce n’est plus tant un feu qu’un chat.

Cela a un lien avec la Gestaltpsychologie — la psychologie de la forme.

Le mot Gestalt désigne le phénomène par lequel une simple forme finit par prendre un sens.

Le terme est allemand, mais il est assez connu au Japon, notamment à travers le terme technique “effondrement de la Gestalt”.

(Il m’est souvent arrivé que mes amis germanophones me disent : « Qu’est-ce que c’est que ça ? » — rire)

À l’université, j’ai étudié un domaine proche de la psychologie, et j’avais appris cela.

Par exemple, lorsqu’on fixe la lettre A trop longtemps, on finit par ne plus savoir ce que c’est — c’est cela, l’effondrement de la Gestalt.


Inversement, quand une simple forme prend un sens à nos yeux, c’est la Gestalt elle-même.

Ainsi, ce feu qui me semble désormais être un chat — c’est précisément une Gestalt.


Quand j’étais enfant, les motifs du plafond en bois me semblaient souvent former des visages, au point que je n’arrivais plus à dormir.

C’était sans doute aussi une Gestalt.


En reliant la philosophie et la psychologie, les choses deviennent encore plus intéressantes.

Lorsqu’un symbole, exprimé de manière symboliste, subit une Gestalt qui lui donne un autre sens…

…le symbolisme lui-même s’effondre.

« Cette œuvre représente le concept musical », dis-je.

Et si quelqu’un me répond :
« Ah, je vois… un chat ! » — alors, tout est fini. (rire)


Mais au fond, tout cela n’a pas vraiment d’importance.

Et pourtant, ce genre de choses apparemment sans importance est peut-être justement ce qui symbolise le mieux le concept même de la musique de FMT.


(Note : « He Is Burning » est le titre de l’œuvre visuelle située en haut de cet article. L’explication suivante concerne un jeu de mots propre au japonais. 

Ce jeu de mots repose sur une homophonie entre le mot japonais pour « feu » – 火 (hi) – et la prononciation anglaise de « He ». Ainsi, le titre peut être compris à la fois comme « Il brûle » et « Le feu brûle ».)



TMのアトリエにて。第3話:コンセプトが点火する時


(以下のリンクは全て英語版になります。)


僕達のアルバムLe Cube Dans Mon Rêve は、
「音楽のキュビスム」という仮想音楽を作るというコンセプトだが、
それはデジタル化によって可能になったことの一例だと思う。

これはデジタル化の一般的な使い方ではない。
こういう使い方をしてもいいんじゃないかという提示である。

一般的に音楽のデジタル化とは、自動化による人件費削減と、簡単なプロセシングを意味しているように見えるが、
もっとアーティスティックな発展はないのか、と言いたいのである。

「今まであり得なかったコンセプト」がその一つだと。


FMTを「音楽キュビスト」と誤解されている方も
そろそろ出ているかもしれないので一応言っておくと(笑)、
それはプロジェクトの1つに過ぎない。
たぶんもう二度とやらない。


過去には、「聴覚の錯覚を活用した音楽」を仮想設定したこともあるし

Auditory Art For Visual Arts

「コンテンポラリーなホテルのジャズバンド」もある。
Newfangled Hotel Ambience

また、「デジタル空間のバーチャルな民俗音楽」を仮想設定したこともある。

The Anomalous Folk


そして、その中でも曲ごとにコンセプトがある。

例えば「聴覚の錯覚などを活用した音楽」の中で言えば、

前回ちらっと紹介した、全てが対称で構成されている幾何学的な曲はその1曲である。
In The Mirror

あるいは、2つのリズムが交差するポリリズムがステレオの左右に分かれている曲だったり。
Parallel


これらは、今までに存在することができなかった音楽なのだ。
だからやる意味があるのだ。


これは人間?それとも機械?


もっと単純な話で言えば、デジタル音楽では、ある楽器の演奏を、
人間が演奏している風にも、機械が演奏している風にもできる。

僕はよくそれらを使い分けているし、
さらにはその中間、「そのどちらかわからない」ようなスタイルもよくやる。
これはデジタルでなければできない。


メディアの批評の中には、
「デジタル空間のみで作っているのに冷たくない」
と言ってくださった方がいたが、
そういう風にも作れるし、冷たくも作れる。


つまり、これまでだったら空想の世界の中でしか成り立たなかった
仮想的なコンセプトが具現化できるのである。

BBCラジオ3でサラ・モーア=ピーチさんが、僕たちの曲を
「奇抜で想像力に富んでいる」
と、とてもエレガントに評してくれたことには感動したが、
まさにそれなのだ。

なんという洞察力だろう。


そんなことをやっているのは、
僕が極めて空想好きな子供時代を過ごしていたことと深い関係があると思う。


(続く)



余談…作品解説

象徴主義のパラドックス


上の画像作品はご想像の通り、火のイメージを重ねて合成したものである。

僕は火を象徴主義的に扱っていて、これは音楽コンセプトという“概念”の象徴なのだ。

……と、そこで終わるつもりだった。

それだけだったら、わざわざ解説などする気はなかった。


でも、これを見ていて2つ、思うことがあった。


1つは、僕が「象徴主義のパラドックス」と呼んでいるものについて。


僕は火にコンセプトを象徴させた。

けれど、具象化されたこの画像作品は、その象徴された“火”そのものが、
今度は音楽を象徴してしまう。


……あれ?

じゃあ、最初のコンセプトはどこへ行った?


少し一般化して言えば、
象徴主義的に抽象概念を具象化した瞬間、
その“具象”が新たな意味を帯びてしまい、
元の概念が見えなくなるという現象が起こり得るということだ。


なんだか哲学的で、面白い。

(なに言ってんだコイツ、って思わないでね。笑)


そしてもう1つは、哲学から心理学への飛躍。


作る過程でこの火を何度も見ていて、
ある時ふと、猫の後ろ姿に見えてしまった。

そして一度そう思うと、もうずっとそうとしか見えない。

なんなら今では、火というよりは猫である。


これは、ゲシュタルト心理学に関係している。

ゲシュタルトとは、「単なる形が意味を帯びて見える現象」のこと。

ドイツ語だが、日本語では意外とポピュラーで、
“ゲシュタルト崩壊”という言葉もわりと知られている。

実際、ドイツ語圏の友人に話すと「なにそれ?」って言われることも多かったけど。笑


僕は大学で心理学に近い分野を学んでいたので、これも勉強した。
たとえば、Aというアルファベットをじっと見続けると、
それが何なのか分からなくなってくることがある。

それが「ゲシュタルト崩壊」。


逆に、ただの形に意味を見出してしまう現象はゲシュタルトである。
つまり、この「猫に見えてしまう火」こそが、ゲシュタルトなのだ。


そういえば小さい頃、木の天井の模様が人の顔に見えて、
眠れなくなることがよくあったっけ。
あれもゲシュタルトだったのだろう。


さて。

哲学と心理学の話を繋げると、さらに面白いことになる。


象徴主義的に表現された具象に、別の意味のゲシュタルトが起きてしまった場合……

象徴主義そのものが崩壊することになる。

「この作品は、音楽コンセプトの象徴です」

…って言ってるのに、

「あ、猫ですね」って返されたら、もう話にならない。笑


……まぁ、全体的にどうでもいい話なのだけれど。

ただ、こういうどうでもいい話こそが
FMTの音楽コンセプトの象徴だったりもする。


※この画像作品のタイトル「He Is Burning」は、日本語で「火(hi)」を“hi”と発音することに由来する音の遊びになっています。


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