Notes sur Touches et Divisions (Strokes And Divisions) 2



(Voir aussi : "Notes sur Touches et Divisions (Strokes And Divisions) 1")




Composition : Une structure de “mélodie et ses harmoniques”



TM partage :

Les registres graves et relativement aigus du piano (pas excessivement aigus, mais plus élevés en comparaison), ainsi que les parties graves et aiguës des cordes tenues, jouent chacun des mélodies similaires mais distinctes. Bien que le piano et les cordes partagent souvent le même matériau, ils divergent parfois. Ces deux parties et leurs quatre notes, combinées aux motifs de deux notes du violoncelle – qui ressemblent plus à des séquences qu’à des arpèges – forment des accords soigneusement construits, un par un. Toutefois, le violoncelle évolue dans les gammes de sol majeur et de ré majeur, tandis que le piano et les cordes sont principalement basés sur la gamme de do majeur (malgré de fréquents changements de tonalité par la suite). Dans ce cadre, les mélodies sont conçues pour rester simples.

Les tierces majeures et mineures sont délibérément évitées dans leurs formes claires pour conserver une tonalité ambiguë. Bien que cela varie selon les sections, les tierces sont en général atténuées, tandis que les secondes, les quintes et les septièmes sont mises en valeur. La dynamique est soigneusement marquée pour refléter cela, et le chevauchement ou le décalage des dynamiques entre les deux parties de violoncelle apporte une nuance supplémentaire.

Cela signifie qu’il n’y a pas de basse dédiée en tant que rôle. Même si le registre grave remplit en partie une fonction de basse, il fait principalement partie de la mélodie plutôt que de se comporter comme une ligne de basse conventionnelle. Quant à l’instrument lui-même, la contrebasse n’apparaît que dans certaines sections, et est autrement absente.

Pendant que je travaillais sur cette pièce, je me demandais si diviser et arranger les sons fondamentaux et les harmoniques d’un seul instrument pouvait créer quelque chose d’analogue à la division des touches de pinceau. Bien que ce concept n’ait pas été pleinement exploré ici, on pourrait dire que le piano et les cordes jouent le rôle des sons fondamentaux, tandis que le violoncelle occupe une position semblable à celle des harmoniques.


Les rythmes de batterie méritent sans doute une explication, car ils ajoutent une dimension ludique.

Ce morceau explore la complexité rythmique à travers l’utilisation du polymètre, une technique fréquemment employée dans la musique de FMT. Dans une pièce précédente intitulée Parallel (Parallèle)  [en anglais], le rythme de batterie était structuré avec deux signatures superposées : une couche de base en 4/4 et un rythme dérivé dans lequel les croches pointées définissent la pulsation.

De manière similaire, ce morceau reprend ce concept fondamental, mais avec deux différences majeures : la signature de base est en 5/4, et le rythme dérivé basé sur les croches pointées apparaît en premier. Le motif de batterie commence avec un rythme en croches pointées sur 5/4, établissant une fondation polyrythmique. Plus tard, seul le caisse claire revient au battement strict en 5/4, suivi par la grosse caisse qui s’aligne à son tour sur cette base.

FMT expérimente constamment différentes formes de polyrythmies. Ce morceau présente un aspect particulièrement original : le rythme dérivé fonctionne d’abord comme le rythme principal de la batterie, ce qui est très inhabituel et rarement observé dans les pratiques musicales conventionnelles.

L’approche de la basse et de la batterie est également liée au concept de chill-out. De façon similaire à notre pièce précédente Spa Music (Low Frequency Therapy) [en anglais], j’ai voulu mettre en avant les basses fréquences de manière douce et apaisante.

Je suis un grand admirateur de Boards of Canada, que TI m’a fait découvrir. Une fois ce morceau terminé, j’ai trouvé qu’il évoquait l’atmosphère de leur musique. Cela dit, ils n’utiliseraient jamais une méthode de composition aussi particulière. En d’autres termes, la ressemblance réside uniquement dans le ton général du morceau. Je l’ai ensuite envoyé à TI pour passer à l’étape suivante.



Production sonore et mixage

TI partage :

Lorsque la pièce était jouée selon la partition, le son était trop concentré dans les médiums et devenait étouffé. Nous avons donc d’abord envisagé une finition Lo-Fi à la manière de Boards of Canada, en tirant parti de cette caractéristique. La partie de batterie Lo-Fi est un vestige de cette première approche.

Cependant, cette option rendait difficile l’appréciation de la beauté des phrases dans chaque section. J’ai donc élargi la plage de fréquences et mis en valeur les harmoniques de chaque instrument pour offrir une plus grande clarté. Le résultat est une meilleure séparation des sons et une finition Hi-Fi.

Cela dit, lorsque le son devient Hi-Fi, la rugosité du timbre devient plus perceptible, et cela donne plus facilement une texture typique de la musique “programmée”, produite par MAO (musique assistée par ordinateur). Pour éviter cela, j’ai volontairement légèrement décalé la hauteur de certaines notes afin de créer une atmosphère plus naturelle et d’atténuer l’aspect artificiel. De plus, les notes aiguës et les phrases du piano ont été particulièrement mises en avant pour souligner leur présence.

Un jour, alors que je marchais en écoutant ce morceau sur mon smartphone pendant la phase de mixage, j’ai décidé d’incorporer des sons environnementaux enregistrés lors d’une promenade dans mon quartier à l’aube du jour de l’An. Ces sons se mêlaient harmonieusement au bruit ambiant de la ville et avaient un rendu agréable. On y entend étonnamment des chants d’oiseaux et le murmure de l’eau.

En principe, j’ai utilisé les sons de MuseScore configurés par TM et mixé à partir des fichiers WAV exportés. Cependant, certaines phrases de cordes ont été décomposées et arrangées, par exemple en les attribuant à différents instruments à cordes. Des bruits et autres sons générés par l’oscillation de filtres de synthétiseur ont aussi été superposés.

Pour le piano, cinq pianos différents ont été utilisés selon les phrases, avec des réglages de compresseur modifiés pour créer de la profondeur. Afin de mettre en valeur les notes aiguës du piano, des octaves et des harmoniques ont été superposées plutôt que de simplement augmenter le volume. En revanche, les parties graves ont été mises en avant avec un léger délai pour jouer un rôle proche de celui d’une basse.

Pour les cordes, les hautes fréquences des premières à quatrièmes voix ont été légèrement rehaussées à l’EQ, avec une fine couche de réverbération ajoutée, sans autre ajustement majeur. Les cuivres, quant à eux, ont vu leurs hautes fréquences légèrement atténuées pour donner une impression d’éloignement, puis compressés pour équilibre.

La partie grave des cordes a été extraite comme mélodie indépendante et remplacée dans la bande passante par une contrebasse, placée au centre et jouant le rôle de partie basse.

Enfin, pour les percussions, j’ai modifié le son exporté de MuseScore, puis l’ai traité avec un compresseur et un simulateur d’enregistrement afin de créer un effet de breakbeat.


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